Histories
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BOURGEOIS, JACQUES (Jacob), chirurgien, colonisateur, fondateur de Beaubassin, né entre 1618 et 1621 en France, probablement à Couperans-en-Brie (Seine-et-Marne), décédé à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) en 1701 ; souche de la famille Bourgeois en Acadie.
Avant de quitter la France, Bourgeois s’était engagé dans la profession médicale. Il vint à Port-Royal en 1642 avec 18 familles que le gouverneur Menou* d’Aulnay emmena lors d’un de ses voyages. Son père, prénommé Jacques lui aussi, l’accompagnait. Il était officier militaire à Port-Royal, et le beau-frère de Germain Doucet, sieur de La Verdure, l’assistant d’Aulnay. En 1654, Sedgwick* s’emparait de Port-Royal et, comme aux termes de la capitulation les militaires devaient être rapatriés, Jacques Bourgeois l’aîné retourna en France alors que son fils demeura en Acadie où il devint l’ancêtre d’une nombreuse descendance. En 1643, Bourgeois avait épousé Jeanne Trahan, fille de Guillaume, née en France en 1631 ; ils eurent dix enfants, sept filles et trois garçons.
À Port-Royal, Jacques Bourgeois se fit cultivateur et constructeur de navires. Il commerçait avec les Bostoniens, notamment avec John Nelson et William Phips* ; il apprit leur langue et devint ainsi l’interprète des Français auprès des Anglais. En 1672, il vendit une partie de ses terres à Port-Royal pour s’établir avec ses fils Charles et Germain et avec deux de ses gendres au bassin de Chignectou (Chignecto), devenant le premier promoteur de la colonisation en cette région ; il y construisit un moulin à farine et un moulin à scie. Quelques années plus tard, en 1676, la région fut érigée en seigneurie, dont le titulaire était Michel Leneuf de La Vallière père, gentilhomme natif de Trois-Rivières ; le nouveau fief, d’une superficie de 100 lieues carrées, fut baptisé Beaubassin. Comme La Vallière fit venir du Canada des colons et des engagés, deux établissements distincts voisinaient à Beaubassin ; mais une clause du titre de concession protégeait les intérêts de Jacques Bourgeois et des autres colons acadiens établis sur le domaine ; les deux éléments de la population ne tardèrent pas à se fondre.
La région de Chignectou offrait à Jacques Bourgeois et à la colonie entière ses marais fertiles, ses hautes terres propres à la culture. Le portage de Shédiac représentait un relais important dans les communications maritimes entre l’Acadie et le Canada et une position stratégique dominant l’isthme et la baie Française (baie de Fundy). À l’heure de la dispersion, Beaubassin était devenu l’un des postes les plus prospères de l’Acadie.
Le distingué chirurgien était de nouveau établi à Port-Royal avant 1699 ; il y mourut octogénaire en 1701. Le nom patronymique fut perpétué par deux des trois fils : Charles, né en 1646, qui épousa Anne Dugas en 1668, et Germain, né vers 1650, qui épousa en premières noces Marguerite Belliveau en 1673 et en secondes noces Madeleine Dugas en 1682 ; Guillaume ne laissa qu’une seule fille.
AN, Col., C11D, 3, f.191.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., I : 149.— Recensement de l’Acadie, 1686 (BRH).— Placide Gaudet, Acadian genealogy and notes, RAC, 1905, II, part. iii, Append. A : I ; Notes généalogiques (conservées aux APC et aux archives de l’université de Moncton) ; Évangéline (Moncton), 5 févr. et 10 déc. 1942.— Bona Arsenault, Histoire et généalogie des Acadiens (2 vol., Québec, 1965), 61–63, 361.— Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale, I : 167–169, 171–172, 175 ; II : 335.
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